Plongée dans la réserve marine de Scandola, fragile perle de biodiversité en Méditerranée - Edition du soir Ouest-France - 08/09/2021

Plongée dans la réserve marine de Scandola, fragile perle de biodiversité en Méditerranée – Edition du soir Ouest-France – 08/09/2021

Une profusion de poissons, de délicates branches de coraux rouges, d’immenses herbiers… Le photographe sous-marin Alexis Rosenfeld nous emmène sous l’eau dans l’ouest de la Corse, à la découverte des merveilles de la réserve naturelle de Scandola. Des images somptueuses qu’il nous dévoile pour sa mission « 1 Océan » soutenue par l’UNESCO.

« Scandale ? Une merveille ! C’est la perle de la Méditerranée. Seuls les scientifiques, et parfois les photographes et journalistes sont autorisés à s’y plonger. C’est un privilège… » Le photographe Alexis Rosenfeld fait partie des privilégiés qui ont découvert cette terre et réserve naturelle marine en Corse sous-marine. Créée fin 1975, inscrite en 1983 sur la Liste du patrimoine mondial de l’UNESCO, classée aire marine protégée (AMP), Scandola s’étend sur 1000 hectares en mer et abrite une biodiversité remarquablement riche : de poissons en abondance, de délicates branches de corail rouge intact, d’immenses parterres d’algues Posidonies…

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« La Méditerranée il y a cent ans »

« En dessous de la surface se trouve la Méditerranée il y a cent ans, avant que l’homme ne fasse un désastre ici », explique le photographe de plongée.

Scandola a cependant vu son label « Espace européen protégé » retiré en 2020, qu’il possédait depuis 1985. La raison ? « La gestion chaotique de l’accès à ce site. Depuis une dizaine d’années, il y a un afflux de touristes et un entassement de bateaux, mettant en danger les écosystèmes terrestres et sous-marins. »

Une situation complexe, entre protection d’un site naturel et commerces… De Scandola, Alexis Rosenfeld garde un souvenir éblouissant « des herbiers de Posidonie intact, à perte de vue, où il n’y a pas d’impact sur la baignade des bateaux. , puisqu’il est interdit d’y mouiller ».

La splendeur fragile du corail rouge

Alexis Rosenfeld a fait plusieurs fois à Scandola, avec des biologistes marins de Septentrion Environnement, l’étude du corail rouge par photogrammétrie. Une technique de superposition de photos, qui permet de visualiser en 3D l’évolution d’un écosystème.

«Scandal est extrêmement protégé depuis des années et vous pouvez voir ici une incroyable population de coraux rouges à croissance très lente», dit-il. Ces 30 à 40 cm comme sur mes photos ont trois ou quatre siècles ! Ailleurs en Méditerranée, on ne les trouve plus, sauf à aller très loin, alors qu’on les voyait encore il y a cinquante, soixante ans. « Une baisse liée à plusieurs facteurs : « Vous pêchez trop, et puis il y a le réchauffement climatique… »

« Le scandale, pour moi, était une immersion dans un rêve, poursuit Alexis Rosenfeld. Je le mets au même niveau que les Galapagos, « un archipel réputé pour sa biodiversité exceptionnelle au large des côtes de l’Equateur dans le Pacifique ». un site d’alimentation. C’est juste naturel ! « 

Un spectacle porteur d’espoir pour la préservation du monde sous-marin. « Ça montre que c’est possible, que ça existe et qu’on sait le faire. Et ce n’est qu’une décision de pouvoir… » En plus de sensibiliser le grand public, le photographe espère aider à convaincre les décideurs en le monde politique et économique qu’un poisson vivant a plus de valeur qu’un poisson mort.

« Une étude du Swiss King’s Institute, un réassureur suisse – donc a priori les gens s’intéressent plus à l’argent qu’à l’écologie – établissait fin 2020 que 55% du PIB mondial dépend de la bonne santé des écosystèmes », rappelle-t-il. Je veux croire que l’économie et la protection de la biodiversité ne sont pas incompatibles, bien au contraire.

La protection de la biodiversité « devient une priorité pour l’humanité, mais c’est une urgence qui s’impose depuis un bon moment », poursuit Alexis Rosenfeld, évoquant « le sommet de Rio en 1992 avec l’intervention du commandant Cousteau ». rapport du 9 août 2021 du GIEC (Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat) ou du Congrès mondial de l’UICN (Union internationale pour la conservation de la nature) qui se tient jusqu’au 11 septembre à Marseille. …

Une réserve globale comme Scandola, « où l’on voit des animaux curieux, une biomasse importante, mais avec une régulation entre espèces », profite à tous, insiste-t-il. « S’il est fonctionnel, c’est aussi une ressource pour l’environnement. Ce qui va se répandre à partir de cette réserve va nourrir d’autres lieux où l’on pourra créer des activités gérées », notamment touristiques : sorties en mer, plongée, observation de la faune…

« Ce qui est intéressant avec Scandola, conclut Alexis Rosenfeld, c’est que c’est le parfait exemple de l’effet de réserve. On voit cette formidable résilience de la nature, sa capacité à prendre le dessus. Dès qu’on la laisse tranquille, elle vient à son équilibre… »

1 Océan, le grand témoignage sur l’océan

Pour Ouest-France, dans l’édition du soir et supplément The Sea Our Future, Alexis Rosenfeld continuera de nous raconter les mois de Mission 1 Océan, dans laquelle il s’engage pour les dix prochaines années. Une aventure au long cours alliant science et exploration sous-marine, parrainée par la Commission océanographique intergouvernementale (CIO) de l’UNESCO. « Mon équipe et moi voulons créer des merveilles en mettant en valeur des points chauds de la biodiversité, des sites exceptionnels, dont beaucoup sont des sites du patrimoine mondial. » L’objectif : permettre au plus grand nombre de découvrir les merveilles de l’océan, mais aussi les dangers qui le menacent et les solutions conçues pour le protéger.