Une plongée sous les ponts de Paris avec ceux qui s'occupent de leur sécurité

Une plongée sous les ponts de Paris avec ceux qui s’occupent de leur sécurité

De grosses bulles s’élevant à la surface de la Seine, un cylindre jaune d’oxygène à peine visible à plusieurs mètres sous l’eau : une équipe de plongeurs spécialisés scrute les pilotis d’un des ponts de la capitale, tout à fait en « bon état ».

On n’y pense pas forcément, mais « un pont a des parties sous-marines, il faut aller vérifier régulièrement s’il y a des perturbations », explique Pascal Berteaud, PDG du Cerema.

Sur un cycle de six ans, les 37 ponts parisiens, dont certains plusieurs fois centenaires, sont ainsi scrutés par des plongeurs spécialisés dans la « pathologie des ouvrages d’art ». Au terme du cycle qui vient de s’achever, « notre constat global est un bon état général de la partie immergée compte tenu de son âge », assure Cécile Maurel, directrice du département risques, infrastructures et infrastructures. Cerema matériaux en Ile-de-France .

Le nouveau cycle commence, avec des dizaines de ponts visant cette première année, dont le pont des Invalides, construit au milieu du XIXe siècle, où une péniche était occupée mercredi. Sous l’eau, avec une visibilité limitée, deux plongeurs : l’un filme, et l’autre examine le cadre de 5 mètres sous le niveau de l’eau, relié via un câble de communication au troisième l’équipe en face, à qui il décrit tout ce qu’il voit.

Sur les images tournées il y a quelques jours, Cécile Maurel décrit des « fissures dans la pierre », évoquant des « joints lavés » au fil du temps, des parties de fondations « en bois », qui ne se décomposent pas car elles sont encore immergées. « Les pierres disloquées n’ont pas forcément un caractère d’urgence », assure l’expert. Tout dépend de sa place dans la structure.

Suite aux inspections, le Cerema fait des recommandations à la mairie, définissant les degrés d’urgence des travaux à réaliser. « Il se pose la question de la sécurité des ouvrages comme de toutes les infrastructures de la ville de Paris. Les ponts font d’ailleurs partie de l’âme parisienne », commente David Belliard, adjoint au maire de Paris, qui souligne l’importance de les préserver « joyaux du patrimoine parisien ». En cas de fissures, des « témoins » peuvent être mis en place pour suivre l’avancement, et des inspections complémentaires programmées. Il n’y a « aucun signe d’inquiétude ou de risque de rupture brutale, mais il faut assurer un suivi », explique Ambroise Dufayet, responsable des œuvres d’art à la mairie de Paris.

Selon une mission sénatoriale mise en place après l’effondrement meurtrier du viaduc italien de Gênes en 2018, « au moins 25 000 ponts » français « sont en mauvaise situation structurelle », passant de 200 000 à 250 000 ouvrages dans le pays. Le nombre exact est inconnu.